Dans moins de cinq mois, des centaines de milliers de supporters débarqueront du monde entier sur les terres de l’émir Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani. Dans des stades futuristes construits à marche forcée, ils s’assiéront sur ce qu’Abdoullah Zouhair appelle « les gradins de la souffrance, de la misère et du sang ». Le mercredi 29 juin 2022, avec le soutien de Blast, l’ancien expert pour le Qatar du Bureau international du travail (BIT) s’adresse à Genève à la presse et aux autorités mondiales. Après avoir été au cœur de la machine, ce juriste de nationalité marocaine livre un récit édifiant de l’histoire vendue par l’Organisation internationale du travail (OIT) et reprise à l’unisson par la FIFA, qui couvre Doha de louanges pour avoir aboli le travail forcé. Un témoignage exceptionnel qui solde la faillite du BIT (le bureau de l’OIT). Sur le dos des travailleurs et des morts.
Abdoullah Zouhair décrit un processus tronqué : celui engagé à partir de 2014 après les révélations de la presse notamment anglo-saxonne sur les conditions de vie et de maltraitance des ouvriers étrangers mobilisés sur le colossal chantier de la coupe du Monde 2022. Ils sont plusieurs milliers à trimer – le jour, et parfois la nuit – pour permettre au Qatar de tenir un calendrier tendu et faire sortir du désert les stades et les infrastructures (et même les villes) nécessaires pour accomplir son rêve. Le tableau dressé par les journaux est effrayant, les enquêtes évoquent des centaines de morts et l’affaire fait grand bruit. Au sein de l’Organisation internationale du travail, le choc est réel. Plusieurs de ses responsables – en particulier des confédérations syndicales, premières concernées dans une mécanique tripartite (les employeurs et les gouvernements en sont les deux autres composantes) – portent des propos très durs.
En juin 2014, nouvelle tuile : plusieurs syndicats membres de l’OIT déposent plainte (pour « non-respect par le Qatar de la convention (no29) sur le travail forcé, 1930, et de la convention (no81) sur l’inspection du travail, 1947 ») en réclamant la création d’une commission d’enquête. Face à la menace qui se précise, Doha doit réagir. Pour la monarchie du Golfe, une telle perspective tient de la catastrophe. Le régime a misé gros pour décrocher l’organisation de la compétition majeure du sport roi. Il y a mis des moyens considérables, officiels et officieux, et joue sa place dans le concert international dans cette affaire. Sans réaction, la fête risque d’être gâchée. Signe de la tension qui règne, Doha fait planer la menace de rétorsions contre les pays tentés de soutenir l’initiative des syndicats.
Pour accéder à l’intégralité de l’article de Blast: https://www.blast-info.fr/articles/2022/coupe-du-monde-2022-un-lanceur-dalerte-denonce-les-accords-secrets-entre-doha-et-loit-ESLT_zj4QmusoHnJQMAAXw