Appel au Conseil fédéral et au Parlement
La justice climatique passe par l’annulation de la dette
Forêts en feu, villes inondées, récoltes desséchées : La catastrophe climatique se fait sentir
partout. Mais sur les cinq millions de morts qu’elle provoque déjà chaque année, 98% sont imputables aux pays du Sud global.
Les effets négatifs de la crise climatique sont donc largement supportés par une majorité de personnes qui n’en sont guère à l’origine. Les nations industrielles riches comme la Suisse ont une responsabilité directe dans les pertes et dommages subis par le Sud global en raison de leurs surémissions historiques. En s’engageant pour l’annulation inconditionnelle de toutes les dettes publiques des pays du Sud global, la Suisse fait un premier pas vers le règlement de sa propre dette climatique, non chiffrable, et devient une force motrice dans un acte historique de protection du climat.
Le Sud global connaît la plus grave crise de la dette depuis le début du siècle. L’endettement
public élevé dans lequel sont enfermées de nombreuses nations, aujourd’hui les plus touchées
par la crise climatique depuis la fin de l’ère coloniale, les prive de leur souveraineté
économique, empêche le développement social et maintient les inégalités mondiales.
La dette prive non seulement de nombreux pays du Sud global de la marge de manœuvre
financière nécessaire pour initier une transition juste, mais le poids de la dette les oblige
également à extraire sans cesse de nouvelles énergies fossiles du sol pour payer les intérêts
exigés.
En signant l’accord de Paris sur le climat en 2015, la Suisse s’est engagée à tout mettre en œuvre
pour limiter le réchauffement de la planète à un niveau nettement inférieur à 2 °C. Si les
objectifs de Paris doivent encore être atteints, l’annulation de la dette des pays fortement
endettés est une mesure nécessaire et immédiate, qui ne nécessite en outre aucune levée de
fonds.
La crise écologique mondiale et ses conséquences exigent une action immédiate et courageuse. Nous demandons au Conseil fédéral et au Parlement que la Suisse s’engage dans les organes de décision de la Banque mondiale et du FMI, dans les discussions bilatérales avec les pays du G7, la Chine et d’autres nations créancières, ainsi que par des initiatives législatives avec les créanciers privés basés en Suisse, l’annulation inconditionnelle de toute dette extérieure des pays du Sud qui en ont besoin afin d’initier
une transition juste.